COVID-19 : aperçu de la défiance anti-vaccinale sur les réseaux sociaux

Published: 1 April 2021
Authors: Cécile Guerin et Zoé Fourel

À la suite des premières annonces du laboratoire Pfizer et de son partenaire BioNTech sur ses avancées dans la mise au point d’un vaccin contre la COVID-19 en novembre 2020,  la France a commencé sa campagne de vaccination le 27 décembre 2020.  Au début du mois de mars 2021, plus de 2.6 millions de Français avaient reçu une première dose de vaccin (soit 4% de la population).  Cette campagne a été marquée par un fort sentiment anti-vaccin au sein de la population.

Dans une étude réalisée par Ipsos en janvier 2021, 21% des Français déclarent être certains de ne pas se faire vacciner et 22% affirment qu’ils ne se feraient probablement pas vacciner.  Cette défiance envers les vaccins n’est pas un phénomène nouveau. Une enquête Gallup publiée en 2019 a montré qu’un Français sur trois ne croit pas à la sûreté des vaccins.  Une étude plus récente de la Fondation Jean Jaurès  a souligné que la confiance envers les institutions politiques et la communauté scientifique sont deux des principaux indicateurs déterminants pour comprendre le consentement ou le non-consentement à la vaccination.

En Europe, la crise institutionnelle et l’isolement social caractéristiques de la pandémie de COVID-19 semblent avoir créé un terrain propice à la propagation de campagnes de désinformation et autres théories du complot. En France, la théorie QAnon, auparavant ultra-minoritaire, a gagné une influence grandissante à la faveur de la pandémie, suscitant de l’inquiétude de la part des autorités publiques. Reflet de la propagation des théories complotistes pendant la pandémie de COVID-19, le documentaire Hold-up, visionné au moins 2,7 millions de fois,  propage une multitude de fausses assertions concernant la vaccination et s’appuie sur différentes théories pour affirmer que la pandémie est un complot orchestré par les élites mondiales. Les communautés en ligne anti-vaccins, déjà actives avant la pandémie, ont quant à elles connu une croissance exponentielle sur les réseaux sociaux.

Alors que la campagne vaccinale est un élément clé de la gestion de la pandémie par les pouvoirs publics, la circulation de théories complotistes et de désinformation sur la vaccination représente un défi conséquent pour les politiques de santé publique. La présente étude présente une analyse quantitative et qualitative de la désinformation et des théories complotistes anti-vaccins repérées dans les contenus publiquement accessibles sur Twitter et Facebook entre le 1er août 2020 et le 1er février 2021, identifie les discours principaux, événements qui alimentent des pics de discussion en ligne et les acteurs les plus actifs dans la propagation de discours anti-vaccins.

Cette étude est la troisième et dernière d’une série de rapports analysant les discours de désinformation sur la COVID-19 en France.

Cécile Guerin
Cécile Guerin est chercheuse à l’ISD au sein de l’équipe de recherches numériques et de politiques publiques. Elle est l’auteur de plusieurs études sur l’extrémisme et le terrorisme d’extrême droite, les discours de haine, les violences de genre en ligne et la désinformation en période électorale. Elle travaille en collaboration avec les entreprises du web, des acteurs gouvernementaux et des organisations inter-gouvernementales. Elle intervient régulièrement dans la presse internationale, dont BBC News, The Guardian, Politico, Washington Post, Los Angeles Times, Le Monde, et Wired.

Zoé Fourel
Titulaire du diplôme en affaires internationales (comprenant des études à la School of Oriental and African Studies à Londres et à Georgetown University à Washington, DC) décerné par Sciences Po Lyon, Zoé est Associée à l’ISD. Elle fait partie de l’unité de recherche numérique, et s’intéresse à l’analyse des réseaux sociaux et la cartographie de réseaux en ligne liés à l’extrémisme, la désinformation et le discours de haine. Zoé a notamment participé aux travaux de l’ISD portant sur la diffusion de désinformation et discours de haine dans le cadre de divers processus électoraux. Elle est particulièrement investie dans l’activité française de l’ISD, contribuant aux travaux de recherche analysant l’écosystème en ligne français.

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